Soyons fous, innovons !

Au collège Notre-Dame, à Romorantin, cette rentrée a été préparée à partir d’un protocole que la chef d’établissement Sophie Vadé-André a dû adapter pour tous. Mots d’ordre : prudence, distance, hygiène… Les élèves ont étudié chez eux avec leurs enseignants avec, pour certains, des problèmes techniques. Aujourd’hui, beaucoup sont heureux de se retrouver dans un cadre et une ambiance pourtant chamboulés.
La directrice accueille au portail les élèves masqués et distanciés par petits groupes échelonnés entre 7 h 45 et 8 h 30. Dès leur entrée, ils vont se laver les mains, ils le feront plus de 10 fois dans leur journée. Beaucoup de parents restent inquiets, certains ne renverront leurs enfants qu’en septembre : 37 % des élèves en 6e et 44 % en 5e sont présents ce jour. Les autres continuent d’étudier chez eux.
Gabriel 12 ans : « Je suis content de revenir pour retrouver le groupe, c’est bien mieux que de travailler chez soi ! » Lucile : « Je suis étonnée que l’on soit aussi peu pour une rentrée. Le collège, c’est important ! »
Pour la sécurité tout a été pensé pour éviter le brassage, chaque classe ne voit que deux enseignants par jour : quand les enfants sortent pour une pause de 20 minutes, le personnel procède à une désinfection systématique du lieu. Même rigueur à la cantine avec deux élèves par table prévue pour six. La directrice a dû beaucoup travailler pour préparer cette reprise, après deux mois d’insomnie… « Nous sommes heureux, de retrouver élèves, enseignants, personnel. J’ai trouvé que les collégiens avaient mûri, s’étaient élevés en conscience, ils adoptent un comportement responsable. Si la contrainte demeure, ce sera une fin d’année sans saveur, car nos élèves restent le sel de notre mission, et beaucoup sont absents. » Puis de rebondir « Et si cette crise avait été le déclic pour “ déscléroser ” l’école et mettre en mouvement nos forces vives ? Dans l’enseignement privé, nous avons l’avantage d’avoir une liberté pédagogique, que nous n’exploitons pas suffisamment, osons l’utiliser. Notre système éducatif a besoin d’une nouvelle vie. Soyons fous, innovons ! »

Enseignante et infirmière !

Florence Chapuis, prof au collège Notre-Dame à Romorantin, est redevenue infirmière volontaire à l’Ehpad de Salbris. Face au Covid-19.

Elle était il y a encore quelques jours professeur de français au collège Notre-Dame à Romorantin. Depuis le 28 mars, Florence Chapuis est infirmière. Volontaire pour monter au front contre le Covid-19. Elle fait partie des renforts envoyés à l’Ehpad des Coinces à Salbris, particulièrement touché par le virus (lire NR des 28 et 29 mars et 1er avril).
« Je ne pouvais pas rester sans rien faire et laisser mes collègues dans la galère » Elle n’a pas hésité un instant. « Je suis comme ça, c’est dans ma nature. Je ne pouvais pas, avec mes compétences, rester sans rien faire, laisser mes collègues dans la galère. Je me suis portée naturellement volontaire ».5e8688f65ba972fc308b45ea
Si cette mère de famille a débuté sa carrière comme professeur de français, elle avait finalement, pour trouver plus facilement un emploi au gré des mutations de son mari militaire, embrassé une carrière d’infirmière. Pour se mettre au service des personnes âgées. Déjà. Mais major de promotion, elle avait été aiguillée vers la spécialité cardiologie et soins intensifs.
Depuis douze ans, elle est revenue au professorat. Mais les gestes d’infirmière n’ont jamais disparu. « Ma mission est d’encadrer les soins de nursing des résidents, ces gestes du rôle propre d’infirmier, de rassurer les résidents, sachant qu’il peut être angoissant et incompréhensible de ne plus voir sa famille pour des seniors. Le personnel sur place est compétent et fait un travail formidable, nous sommes bien équipés… »
Les risques ? Elle en a pleinement conscience. Quand elle rentre chez elle le soir à Romorantin, elle entre par le sous-sol de sa maison et met directement à laver ses vêtements. « J’ai la chance d’être seule à la maison, mon mari est confiné à Bordeaux et mes deux enfants sont dans leur appartement d’étudiant. Beaucoup de soignants ont peur d’apporter le virus chez eux. Je n’ai pas ce poids psychologique à gérer, c’est plus facile pour moi. »
La volontaire est tout de même un peu amère. En colère même contre les politiques qui ont abandonné la santé pendant de nombreuses années. « Dans les maisons de retraite, les petites mains font face : agents de service hospitalier, aides-soignants, infirmières Ce sont les personnes qui sont sur le terrain qui prennent des risques, ils subissent de plein fouet des choix qui ne sont pas les leurs. »
Dans ce contexte, elle a la mauvaise surprise de voir des coureurs à pied sortir, mais aussi des clients de supermarché masques FFP2 sur le nez, alors qu’ils font cruellement défaut dans de nombreux endroits…
Pendant cette mission, dont elle ignore encore la durée, la continuité pédagogique est assurée par la directrice du collège Notre-Dame. Mais la professeur de français garde un œil sur ses élèves. « Ils ont intérêt à être prêts, il y a le brevet à la fin de l’année », sourit-elle au téléphone. Car, oui, après cette crise, la vie reprendra son cours. Alors, Florence pourra ranger sa blouse blanche et retrouver le chemin de sa classe. Pour une autre mission ô combien précieuse…

Texte et photo La NR

Kermesse et carnaval caritatifs et festifs à Notre-Dame

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Au groupe scolaire Notre-Dame de Romorantin, s’est tenue la traditionnelle kermesse missionnaire destinée à lever des fonds pour des actions caritatives. Dans l’esprit carnaval, une très grande majorité des élèves, personnel et enseignants se sont déguisés sur le thème du cinéma.

Les enfants ont revêtu les tenues multicolores de personnages célèbres, ils ont occupé de nombreux stands destinés à recueillir le plus d’argent possible pour aider deux structures : l’école de filles du collège Monfant au nord du Togo et « Espoir Irak » – une association de l’Œuvre des apprentis de l’enseignement catholique, qui sera aidée pour sa campagne de reconstruction d’écoles ouvertes à tous.

Pour les Irakiens et les Togolais

Enseignant à Notre-Dame, Jean-Pierre Portevin connaît personnellement l’établissement togolais, où il travailla entre 1980 et 1983. Il précise : « Ce collège réservé aux filles de la brousse était alors tenu par des religieuses françaises. Aujourd’hui, ce sont des sœurs africaines qui assurent la gestion et l’enseignement. J’y ai exercé mon métier durant deux ans ; ma grande satisfaction est qu’une de nos élèves est devenue ministre de la Communication. »
L’année passée, la recette de la kermesse avait permis de doter cette école de bancs et tables en bois fabriqués par les artisans locaux et de l’approvisionner en mil (céréale). « Nous avons des retours sur nos actions que nous montrons à nos élèves pour qu’ils en mesurent les effets », souligne sœur Fernandes, la directrice de Notre-Dame.

Cor. NR : J.-G. Foucard
PICTOLIEN

Soeur Simone Ranger, citoyenne d’honneur de Romorantin

0629 romo directrice notre dame honorée par le SénC’était une surprise concoctée par les responsables de l’Apel (association de parents d’élèves de l’enseignement libre) avec Jeanny Lorgeoux. Lundi, à 14 h, Mme Ranger franchit le perron, et c’est l’étonnement… Le sénateur-maire, accompagné de Roselyne Bretel, élue, mais aussi ancienne enseignante du collège, l’attendent. Ils sont entourés de près de 400 élèves et de leurs professeurs. Les applaudissements fusent. La surprise est totale !

Bertrand Divard et Frédéric Gay de l’Apel annoncent à la directrice la raison de ce sympathique désordre… c’est l’occasion de revenir sur la vie riche de sœur Simone Roger.

Une retraite méritée à 79 ans 

Née à Saint-Amand-Montrond, dans le Cher, sœur Simone Ranger est issue d’une famille de commerçants. Durant l’Occupation, elle se réfugie dans le Limousin, à Bellac, qui est son berceau familial. Elle y connaîtra un drame personnel, puisqu’une fillette d’un des locataires de son immeuble passe sa journée dans un village tout proche… C’est Oradour-sur-Glane. Elle y sera massacrée avec la population par les nazis. Ce soir-là, Simone Ranger croise le père de la fillette, fou de douleur.
Mais la jeune fille s’investit pendant la guerre. Elle nourrit un réfugié juif, caché derrière des fagots. Un jour, les nazis ont fouillé l’immeuble, et n’ont pas découvert cet homme, car la propriétaire les entraîne dans le cellier à vin. « Vous avez été la magnifique complice des Justes qui ont sauvé cet homme », a souligné Jeanny Lorgeoux. Sœur Simone Ranger est arrivée au collège Notre-Dame en 1978, après avoir enseigné à Poitiers, Bellac et Châteauroux. Elle y assume la fonction de directrice tout en enseignant et, aujourd’hui, à 79 ans, elle s’apprête à prendre une retraite bien méritée après 37 ans de fonction dans une ville qu’elle aime. « Avant de partir aider votre communauté à Poitiers, j’ai l’honneur de vous déclarer citoyenne d’honneur de notre ville », a assuré l’élu. Avec Roselyne Bretel, ils lui ont offert la médaille de la ville de Romorantin et une gravure du Carroir Doré sous une ovation !

Pour la prochaine rentrée une trentenaire sœur Fernandes, enseignante qui vient de la même communauté de Poitiers, assurera la fonction de directrice, elle sera assistée d’Adrien Mallet, enseignant.

Texte et photo : la Nouvelle République – Jean-Guy Foucart BOUTONLIEN

A notre-Dame de Romorantin

notre dameUn article de la Nouvelle République :

Fondé par l’Union chrétienne il y a plus de 50 ans, l’établissement privé romorantinais conjugue tradition catholique et nouveaux enjeux pédagogiques.

 Soixante-quatre ans de direction à elles deux, Michèle Urbero et Simone Ranger ont vu passer des générations d’écoliers et de collégiens romorantinais. La première, directrice de l’école primaire Notre-Dame depuis 1988, se souvient de ses débuts, comme enseignante : « Je sortais de la classe pour aller chercher l’électrophone et je disais aux petits d’être sages. Il n’y avait pas un bruit… »

Aujourd’hui, le vidéoprojecteur et les ordinateurs ont remplacé l’électrophone et les enfants sont devenus « plus difficiles », poursuit Simone Ranger, directrice de l’établissement, primaire et collège, depuis 1978. À côté des « situations familiales complexes », du manque de concentration de certains élèves, de quelques bagarres aussi, cette dernière regarde toujours avec la même émotion les anciens élèves passer à nouveau la porte de l’établissement « pour dire bonjour ». « Surtout les garçons, ils sont plus fidèles », constate-t-elle en repensant à tous ces « beaux chemins » parcourus depuis les bancs du collège.
Les deux sœurs de l’Union chrétienne de Saint-Chaumond (Poitiers), une communauté religieuse fondée par saint Vincent de Paul en 1652 qui est arrivée à Romorantin en 1956, veillent aussi sur l’enseignement catholique dispensé dans leurs murs du Mail de l’Hôtel Dieu et du Bourgeau, quelque 450 élèves au total. Pas toujours facile, reconnaît Michèle Urbero : « Ils ignorent complètement ce qu’est Pâques ». Et Simone Ranger d’abonder : « A midi, ils me demandent ce que l’on mange, je leur réponds qu’ils pourraient aussi me demander l’heure de la messe ». 

«  L’école catholique doit rester ouverte à tous  »

Qu’importent les époques et les croyances – « on accueille des enfants sans religion, non baptisés », rappelle Michèle Urbero – « l‘éveil à la foi » reste bien ancré à Notre-Dame.
Avec une autre ligne de conduite pédagogique chère au cœur de l’Union chrétienne : « former l’être humain dans son intégralité ». Notamment par la pratique du sport, domaine dans lequel l’établissement de Romorantin s’est illustré, l’an dernier lors de la 5e édition des Tops du sport, en décrochant le prix « collège ».
Parmi les autres spécificités de Notre-Dame, l’école de 4 jours toujours de vigueur et l’enseignement de l’anglais dès la moyenne section de maternelle côté primaire. Pour le reste, il s’agit d’« une école sous contrat d’association, le même programme que l’Éducation nationale », rappelle Michèle Urbero. Une école « catholique qui doit rester ouverte à tous. Ce ne doit pas être une question d’argent ». D’où le choix d’une contribution des familles qui n’excède pas 70 euros par trimestre pour le primaire.

Journée portes ouvertes le samedi 11 avril, à l’école du Mail de l’Hôtel Dieu de 10 h à 13 h et collège, 1 rue du Président Wilson de 10 h à 17 h. Contact école : 02.54.76.00.94 ; collège : 02.54.76.23.19.

billet

Ciel et terre

On m’a souvent offert de survoler la Sologne en avion. En plus de 35 ans, la directrice du collège Notre-Dame n’a finalement jamais cédé aux sirènes du ciel. Et pourtant, la tentation a pu être forte reconnaît Mme Ranger : « Si j’avais été un garçon, j’aurais été aviateur ». Comme Antoine de Saint-Exupéry ou Henri Guillaumet, auteurs chers au cœur de celle qui a longtemps enseigné le français, avant de prendre la direction de l’établissement catholique du Bourgeau. C’est donc les pieds bien sur terre, que la sœur de l’Union chrétienne de Saint-Chaumond éduque et accompagne des générations d’enfants et préadolescents de la ville depuis 1978. Un travail de tous les instants, pas toujours évident, reconnaît-elle. Même avec la plus grande foi « On ne fait pas de miracles ! »

Texte et photo Laurence Texier. NR
BOUTONLIEN