Comment l’école Sainte Marie de Villefranche sur Cher accueille des enfants ukrainiens ?

À Villefranche-sur-Cher, deux élèves ukrainiens ont intégré l’école privée. Les professeurs redoublent d’efforts pour les accueillir au mieux.

À peine entré dans la classe, Dmytro, 9 ans, se jette sur son cahier d’exercice de mathématiques, rédigé en ukrainien. Les yeux rivés sur le carnet, il se concentre pour résoudre les équations, tandis que les autres élèves attendent les instructions du maître.

Ce carnet fait partie des rares affaires que Dmytro a emportées avec lui, lorsqu’il a fui Kiev, le 7 mars 2022, avec sa mère, Yuliia. L’une de leurs amies, Maryna et sa fille, Milana, sept ans, étaient aussi du voyage.

Tous les quatre ont traversé l’Europe, par leurs propres moyens, pour fuir la guerre qui ravage leur pays. Ils sont arrivés à Villefranche-sur-Cher, à dix kilomètres au sud de Romorantin, douze jours plus tard, grâce à l’aide d’une amie franco-ukrainienne, résidant à Langon-sur-Cher.
« On ne sait pas combien de temps les élèves vont rester » Les deux jeunes enfants ukrainiens ont rejoint l’école privée Sainte-Marie de la commune, le lundi 21 mars. Ici, le corps enseignant fait tout le nécessaire pour faciliter leur apprentissage. Les enfants sont d’abord scolarisés une demi-journée, le temps de l’adaptation.

« Au début, ils étaient très fatigués. Ils avaient des moments d’absence. On les a fait venir le matin pour qu’ils aient les principales acquisitions », explique la directrice, Raphaëlle de Malleray.

Hier, Dmytro s’apprêtait à vivre sa première journée entière à l’école. « L’après-midi est consacrée aux sports, aux arts plastiques. C’est bien qu’ils y participent pour que ça leur change les idées. »

Dans la classe, le maître de Dmytro, Gaël Normand, redouble d’efforts pour adapter son enseignement. Non sans difficultés. « Dmytro a de petites notions d’anglais. Donc, j’utilisais un logiciel de traduction pour me faire comprendre. Le problème, c’est que je tape avec l’alphabet français, et qu’il ne comprend que l’alphabet ukrainien. Et à l’oral, la voix du robot parle trop vite », raconte le professeur.

La directrice a à cœur de poursuivre l’instruction en français, et en ukrainien« On ne sait pas combien de temps ils vont rester. Il faut jouer sur les deux tableaux. »

Pour les aider à suivre en classe, Milana et Dmytro peuvent compter sur le soutien de leurs camarades. « Tous les matins, chaque élève fait une activité pédagogique avec Milana », indique Raphaëlle de Malleray. « Le lendemain de leur arrivée, les élèves ont demandé s’ils pouvaient apporter du matériel pour Dmytro. Ils ont donné des revues, des stylos, des porte-crayons… », poursuit, avec fierté, Gaël Normand.

Cette solidarité touche les deux mères de famille, Maryna et Yuliia. Attablées dans la cuisine de leur hébergement temporaire, une tasse de café dans les mains, elles reviennent sur les deux semaines qui se sont écoulées « Les gens d’ici ont été très gentils. On ne s’attendait pas à tout ça », confie Yuliia, toujours aussi étonnée.

Elles le reconnaissent : leur éprouvant périple à travers l’Europe a laissé des séquelles chez leurs enfants. En partant vers la France, les petits ont laissé derrière eux, pères, grands-parents, animaux, amis…

« La première semaine, Milana ne faisait que de pleurer. Là, ça commence à aller mieux », raconte sa mère. « Depuis le voyage, Dmytro a parfois les yeux qui tournent tout seuls et a l’impression d’avoir froid », complète Yuliia.

Les scolariser à l’école était essentiel pour les deux jeunes femmes. « C’était important pour que nos enfants puissent communiquer avec les autres, qu’ils apprennent des choses et qu’ils connaissent d’autres situations. » Yuliia voit déjà des changements sur le comportement de son fils. « Il insiste pour que je l’emmène à la librairie. Avant, il ne s’intéressait pas autant aux livres, mais en Ukraine, les livres ne sont pas aussi beaux qu’en France », se réjouit la maman. Elle s’éclipse soudain dans la chambre de son fils. De retour dans la cuisine, elle tend fièrement un dessin enfantin avec des cœurs. « Mon fils a déjà une amoureuse ! Mais, c’est secret. »

Texte et photo La NR

Les enfants ukrainiens en classe à Notre-Dame de Vendôme

Ils sont partis sans aucun bagage, sans même avoir eu la possibilité d’emporter les lunettes de vue de la plus petite. Aujourd’hui, à Notre-Dame, élèves et équipe pédagogique, sont à l’écoute de ces trois enfants réfugiés scolarisés depuis jeudi et dont nous préservons l’anonymat selon le souhait des parents et de la famille d’accueil. « Malgré le barrage de la langue, on essaie de tout faire pour que ces élèves se sentent bien », expliquaient hier matin Carine Doireau et Christelle Ries, enseignantes.
« Dès qu’on a su que Notre-Dame pouvait accueillir des enfants ukrainiens, on a associé les élèves, en leur demandant comment organiser cette arrivée. Ils ont vite proposé de fabriquer une banderole de bienvenue, d’organiser un goûter, d’offrir des cadeaux, des jouets comme du matériel scolaire, puisqu’ils savaient que les petits Ukrainiens arriveraient sans rien. Ainsi, le cartable de l’an dernier, des trousses et des jouets inutilisés comme des vêtements neufs achetés pour l’occasion, ont été vite réunis… »
En cours, rien ne les distingue si ce n’est une autre façon de lever le doigt, une main sous le coude du bras replié, pour montrer fièrement son ardoise avec le résultat de l’opération inscrite au tableau. Et les applaudissements en langue des signes des petits camarades pour saluer la bonne réponse. « Pour que la plus jeune puisse participer, contrairement à mes habitudes, j’inscris au tableau la multiplication demandée et elle peut suivre. Pour communiquer, on a les gestes ou encore l’appli de traduction immédiate du téléphone portable. Et pour la plus grande, heureusement, il y a l’anglais. » C’est l’heure de la cantine. Un signe pour demander l’autorisation de prendre un ballon et voilà la petite Ukrainienne partie jouer dans la cour. Apparemment, comme les autres enfants.

Texte et photo La NR