« L’effet Hamo » à Saint-Charles de Blois

Capture d’écran 2015-12-21 à 16.52.25.pngHamo, 15 ans, a fui la guerre en Syrie en 2012. Dès son arrivée en France, il a été pris en charge par Fabrice, le directeur d’un collège privé de Blois. Trois ans après, les progrès de l’adolescent sont impressionnants.

HAMO

« Tout s’est passé très vite. Mon village a été attaqué, la maison de mon frère a été bombardée et mon père a décidé de partir.
Je n’ai pas eu le temps de dire au revoir à mes copains. Avec mes parents, on a passé la nuit dans un champ avant de marcher pour rejoindre la Turquie.
En Syrie, je n’allais pas beaucoup à l’école. Je travaillais avec mon père. Il était marchand d’animaux. On avait une ferme avec 100 vaches et 250 moutons. Dès que nous sommes arrivés en France, à Blois, mes parents ont voulu m’inscrire à l’école. La secré­ taire du collège Saint­Charles nous a donné un rendez-vous d’inscription avec Fabrice, le directeur. Sur le moment, je n’y croyais pas trop. On nous avait dit que je n’avais pas beaucoup de chance d’être accepté. Mais il m’a inscrit.
Le jour de la rentrée, il neigeait beau­ coup et il y avait des absents dans la classe. Je ne parlais pas un mot de fran­ çais. Pendant les trois premiers mois, je ne comprenais rien. En classe, comme à la maison, je prenais mes livres sco­ laires et je les recopiais. Aujourd’hui, je considère Fabrice comme un père. Je ne trouve pas d’autres mots. J’ai eu de la chance de le rencontrer. Grâce à lui, j’ai pu décrocher mon brevet des collèges avec la mention assez bien. Maintenant, je suis au lycée. Pour l’ins­ tant, ça va. En cours de français, c’est un peu plus difficile. Il me manque encore un peu de vocabulaire. Mon rêve, c’est de devenir médecin. J’aime­ rais trouver un médicament pour guérir le cancer car j’ai perdu mon oncle à cause de cette maladie. J’espère aussi que je pourrai retourner un jour en Syrie. Mais pas pour faire ma vie. Seulement pour passer des vacances. Ma vie, je veux la faire en France. »

FABRICE

« Lors de notre première rencontre, Hamo ne verbalisait pas les horreurs qu’il venait de vivre. Ses parents m’ont raconté leur périple grâce au traducteur qui les accompa­gnait. Le papa était très droit, très digne. La maman était plus démonstrative. Elle pleurait beaucoup. Hamo, lui, était calme. Impassible. C’était une sorte de force tranquille. Hamo et ses parents dormaient à l’hôtel. Ils allaient être expulsés. Avec l’équipe enseignante, nous avons mis en place une cellule de crise. Un profes­seur a offert de les héberger chez elle. Une autre s’est proposée pour les accompagner à la préfecture afin de faire les papiers de demande d’asile. Compte tenu de son âge, Hamo aurait dû aller en classe de cinquième. Avec les enseignants, nous avons décidé de le mettre en sixième pour faciliter son apprentissage du français. Très vite, j’ai été impressionné par ses progrès. Il avalait les livres. Il a fini son année de sixième avec 14 de moyenne ! Moi, je l’observais. De loin. Je ne voulais pas que les autres élèves le voient comme un privilégié. Mais je peux vous dire qu’une telle rencontre, ça vous regonfle, ça vous remotive. À la récréation, Hamo est devenu imbattable au babyfoot.
En quatrième et en troisième, il s’est tellement bien intégré qu’il bavardait pendant les cours ! Je l’ai recadré deux ou trois fois. Mais je n’ai jamais eu besoin de hausser le ton. Il comprenait tout de suite. Avant, pour ses cama­rades, la guerre était virtuelle. Maintenant, dans le collège, il y a
un effet Hamo. Nous sommes plus sen­sibles à la souffrance de l’exil. »

 

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