- Ce jeudi se tenait la conférence de presse de rentrée de l’Enseignement catholique.
- L’occasion pour son secrétaire général, Philippe Delorme, de dénoncer le manque de soutien de nombreuses collectivités territoriales aux frais de restauration scolaire pour les élèves du privé.
- Car le prix moyen d’un repas constitue une charge importante pour les familles et conduit certaines d’elles à renoncer à inscrire leurs enfants dans le privé.
Chaque année, c’est le même coup de bambou pour les parents qui scolarisent leurs enfants dans un établissement privé : la facture (salée) de la cantine . Selon la Fédération nationale des organismes de gestion des établissements de l’enseignement catholique (Fnogec), en 2020, le prix moyen d’un repas dans les écoles maternelles privées sous contrat avec l’Etat était de 4,90 euros. Il était de 6,10 euros au collège, et de 6,50 euros au lycée général.

« Dans beaucoup d’endroits, le coût de la restauration est supérieur à la contribution aux frais de fonctionnement [c’est-à-dire les frais d’inscription]. Et si on a deux ou trois enfants scolarisés, il n’y a généralement pas de tarif dégressif », constate Gilles Demarquet, le président de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (Apel). Et la note pourrait se corser davantage, selon Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique : « Les nouvelles obligations créées par la loi Egalimconcernant l’amélioration de la qualité des denrées alimentaires vont engendrer un surcoût de la restauration scolaire. Des sociétés de restauration commencent déjà à demander la signature d’avenants dits « Egalim », avec des augmentations allant jusqu’à 40 centimes par repas », a-t-il déclaré ce jeudi lors de la conférence de presse de rentrée de l’Enseignement catholique.
La totalité du coût de revient d’un repas facturée aux familles
Des tarifs élevés qui contrastent avec le prix des repas dans les établissements publics. Ce qu’explique aisément Philippe Delorme : « Si les tarifs des repas sont bas dans les établissements publics, c’est parce que les collectivités accordent des subventions, sous forme d’aides sociales, aux familles. Mais très rares sont les collectivités qui offrent la même aide à nos élèves ». Les établissements privés facturent donc la totalité du coût de revient d’un repas aux familles.
Et la différence peut être conséquente. En Ile-de-France par exemple, le coût de revient moyen d’un repas est de 9 euros. Mais le tarif prévu pour les familles scolarisant un lycéen dans un établissement public tient compte du quotient familial, et varie donc de 0,50 et 4,09 euros. « Il n’y a pas d’obstacle juridique au soutien des communes aux frais de restauration des élèves du privé, mais c’est un choix politique. C’est incohérent, injuste et discriminatoire », fustige Philippe Delorme.
Certains parents renoncent à une inscription dans le privé
Idem concernant la cantine à 1 euro, mise en place en 2019 et subventionnée par l’Etat dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. Un dispositif qui visait des établissements dans des communes fragiles en zone rurale. « Or, il n’est pas accessible aux établissements privés. Nous avons pourtant 2.570 écoles dans ces communes. Elles scolarisent 343.000 élèves qui ont été oubliés », souligne Philippe Delorme.
Au final, le coût de la cantine est devenu un élément que scrutent les parents avant de choisir le privé pour leurs enfants. « C’est même un frein considérable à l’inscription. Et pour les familles les plus modestes qui décident quand même d’inscrire leurs enfants, elles se saignent pour pouvoir payer », insiste Gilles Demarquet. Dans certains endroits, les chefs d’établissement tentent de puiser dans le fonds de solidarité pour soutenir quelques familles. « Mais cela ne peut pas être fait à grande échelle, et nos établissements sont entravés dans leur désir de mixité sociale », estime Philippe Delorme.
Reste la débrouille : « Des familles s’organisent entre elles pour faire déjeuner les enfants le midi à domicile. Mais c’est assez rare puisque généralement, les deux parents travaillent », observe Gilles Demarquet. Difficile aussi pour les collégiens et lycéens de revenir à la maison pour déjeuner lorsqu’ils n’ont qu’une heure de battement à la pause méridienne ou qu’ils habitent en zone rurale, loin de l’établissement. Quant à l’idée de ramener sa lunch-box, elle est rendue quasi impossible par les contraintes sanitaires liées à l’alimentation.
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