Une inclusion professionnelle au rythme de chacun grâce à Stella Maris à Pontlevoy

Depuis 2021, l’association Stella Maris œuvre avec le Lycée catholique de Pontlevoy pour rendre fluide l’inclusion professionnelle d’une dizaine de jeunes adultes dont la plupart sont porteurs de trisomie 21.

La loi Handicap de 2005 – dont nous fêtons le 20ème anniversaire – puis les textes qui sont venus la compléter, ont beaucoup œuvré pour favoriser l’insertion des personnes en situation de handicap. Depuis, la société s’ouvre peu à peu à la différence. Mais des situations restent complexes. Comme la transition entre la sortie de l’Institut médico-éducatif et l’entrée dans le monde du travail pour les jeunes. En juin 2023, la Convention nationale des associations de protection de l’enfant soulignait via une note, les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap au moment du passage à l’âge adulte.

« Les rendre le plus visible possible »

« Il y a un 16-25 ans difficile à gérer pour les familles », résume-t-on dans le milieu. C’est pour y apporter une réponse que l’association Stella Maris a été créée en 2021, à Pontlevoy. Elle compte aujourd’hui six salariés et fonctionne grâce à de « précieux » bénévoles. « On accueille des jeunes avec des niveaux de développement différents, indique Véronique Bévillard, vice-présidente de l’association et directrice des premières et des terminales du lycée de l’abbaye de PontlevoyLeur âge est de 18 à 23 ans. Ils viennent de Bordeaux, Paris, Poitiers… Nous accueillons neuf personnes. Sept sont porteurs de trisomie 21, deux sont autistes. »

L’association dispose de deux sites, une maison située dans l’enceinte de l’abbaye de Pontlevoy, louée depuis septembre 2022 – elle accueille cinq personnes. Puis une autre à quelques pas de l’abbaye, depuis septembre 2024 dans le village. Quatre personnes y vivent. « Grâce à ce nouveau site, dont nous sommes propriétaires, on est passés de cinq à neuf jeunes accueillis. Et on est en capacité d’accueillir un jeune de plus dans chaque maison. »

Ces deux sites permettent deux étapes dans la prise en charge. « Quand ils arrivent, les jeunes sont logés dans la maison de l’abbaye. C’est un cadre plus rassurant. Puis au bout de deux ans, ils peuvent intégrer la maison du village. Le but est de leur faire gagner en autonomie, leur apporter un tremplin pour après. L’idée n’est pas forcément qu’ils soient capables de vivre seuls à la sortie, car ils aiment vraiment cette vie communautaire. Mais vivre dans une autre structure avec d’autres personnes, prendre le bus, se déplacer. » « Ce qu’on offre, c’est, quatre à cinq ans, un temps durant lequel les personnes accompagnées sortent de chez elles, résume Damien Caridroit, chef de projet pour l’abbaye de Pontlevoy. Elles apprennent. On essaie de leur faire découvrir ce qu’elles aiment. » Durant leur passage, les jeunes font diverses activités et sont accueillis en milieu professionnel. Avec ce but : « Les rendre le plus visible possible. »

Des jeunes inclus en milieu professionnel

Nicolas, 21 ans, travaille par exemple à la boulangerie de Sambin. Il y est les mardis, mercredis et vendredis, de 8 h à 11 h 30. Il va également avec les autres pensionnaires deux jours par semaine au lycée de Boissay, avec un professeur. Ce qu’il y fait ? « On travaille ! », répond-il, jovial et spontané. Chaque après-midi est jalonné de diverses activités, le théâtre notamment.

Comme débouché professionnel, il existe aussi depuis peu le Bistrot de l’Abbaye. « C’est un restaurant de vingt couverts où travaillent du mardi au vendredi midi plusieurs de nos jeunes, rappelle la vice-présidente. Cela leur apprend le service. Et ça cartonne ! » Déjà, l’action de Stella Maris peut s’appuyer sur de belles réussites. « Un de nos anciens pensionnaires a trouvé une place au Café Joyeux d’Angers. Nous avons également Faustine [très timide au premier abord mais vite à l’aise lorsqu’elle est en confiance], logée chez nous, qui est employée en CDI au Super U de Chissay. »

Surtout, une véritable complicité est née entre les locataires. « On entend parfois des portes qui claquent, tempère Damien Caridroit. Mais globalement, ils adorent vivre en communauté. Quand ils se retrouvent après le travail, ils aiment beaucoup discuter. » Ce jour-là par exemple, Faustine s’enquiert de la santé d’un des pensionnaires. « Je m’inquiète pour lui ! » « Il va mieux », la rassure un éducateur.

Le problème des coûts de transport

Côté investissement, l’association jouit de mécénat et de dons. Côté fonctionnement, elle vit grâce à l’Aide à la vie partagée du Département et la contribution des familles, qui payent environ 650 € pour leur enfant. « Elles peuvent demander les APL et une aide de l’État », précise Véronique Bévillard.

Mais des coûts supplémentaires sont engendrés. C’est là l’une des limites du modèle. « Ainsi le transport est un problème, reconnaît Véronique Bévillard. Les jeunes vont au travail en taxi, cela finit par coûter une fortune. » « Notre prochain défi, c’est d’imaginer un circuit en covoiturage », abonde Élodie Péan, conseillère départementale du canton de Montrichard. Autre point à travailler : « L’enjeu de l’après. Pour nos jeunes, c’est compliqué. Ils sont heureux ici. » Mais assurément, c’est déjà cela !

Texte et photo Alexis Couturier – La Nouvelle République

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